Le sharenting : une pratique numérique popularisée par le développement des réseaux sociaux
Le sharenting est la contraction anglaise de « share » (partager) et « parenting » (élever). Il désigne une pratique populaire chez les jeunes parents : publier des images de leurs enfants sur les réseaux sociaux.
En moyenne, les parents publient « 100 photos par an de leurs enfants avant leurs 13 ans », soit 71 photos et 29 vidéos par an*
Quels sont les risques liés au sharenting ?
- Détournement d’images d’enfants à des fins pédopornographiques
- « 50% des photos échangées sur les forums pédopornographiques avaient été initialement publiées par les parents sur leurs réseaux sociaux »*
- Atteinte au droit à l’image et au droit à la vie privée des mineurs
Quels enfants sont principalement ciblés ?
Les victimes choisies par les pédocriminels, souvent occidentaux, sont généralement originaires de pays pauvres d’Asie tels que l’Inde, la Malaisie ou les Philippines.
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance, les Philippines seraient « l’épicentre mondial du livestreaming ».
On estime que des milliers d’enfants seraient victimes de cette forme de pédocriminalité. Aux Philippines, le COVID-19 a eu de nombreuses répercussions négatives sévères. Beaucoup de philippins ont été privés de leur source de revenus principale. Par ailleurs, les enfants n’ont pas pu se rendre à l’école pendant une longue période et ont été confinés chez eux. La pandémie et les confinements successifs ont créé un contexte favorable au développement des livestreamings. En effet, certains parents confinés avec leurs enfants, y ont vu une opportunité de gagner de l’argent plus rapidement.
Laurence Ligier, Directrice et Fondatrice de CAMELEON, énumère les facteurs qui ont contribué à la propagation de cette pratique :
« De plus en plus répandue depuis le premier confinement avant tout pour des raisons de pauvreté, puisque les familles ont perdu leurs sources de revenus ; elles étaient confinées avec des enfants ; l’accès aux téléphones portables est facile ; la connexion internet est bonne et la demande de la part des étrangers s’est accrue. »
La Fondation Preda indique que 112 enfants, en l’espace de deux ans, ont été victimes de livestreaming rien qu’au niveau de la province du Bulacain. Cela laisse supposer un nombre alarmant à l’échelle nationale.
L’une de nos bénéficiaires, Jona, âgée de 14 ans, livre son témoignage :
« À chaque fois que je parlais à des étrangers, j’étais nue, je ne sais pas pourquoi. Des fois, j’essayais de me couvrir avec mon drap, mais ma maman me tapait et l’enlevait. Alors je me cachais les yeux pour ne pas voir ce qu’il faisait. L’homme derrière l’écran me disait de retirer mon short et mon tee-shirt. Il était dégoûtant, il s’allongeait et jouait avec son sexe. Je l’ai vu plusieurs fois. Je me souviens que l’homme devant l’écran a dit ‘waouh !’. »
Des sévices sans limite
Les prix des actes varient selon les demandes des commanditaires. Plus ils sont violents, plus ils coûtent chers. En moyenne, les tortures infligées sont facturées 35 à 100 dollars le quart d’heure.
Laurence Ligier aborde la question des cas les plus extrêmes :
« Il n’y a pas de limite aux sévices ; il faut qu’ils crient, qu’ils pleurent, qu’ils aient mal. La mise à mort de l’enfant coûte entre 5 000 et 9 000 dollars ».
CAMELEON a lancé un manifeste pour augmenter les moyens de lutte contre la cyberpédocriminalité. Ensemble, demandons aux plateformes des engagements afin de faire d’internet un environnement plus sûr pour les enfants.