Poupées pédocriminelles : refusons de banaliser l’inacceptable
Le 1er novembre 2025, le service français de répression des fraudes a signalé à la justice la vente de poupées à caractère pédocriminel sur Shein et AliExpress. Malgré leur retrait annoncé, d’autres sites comme Temu et Wish sont aussi visés pour la diffusion de contenus pornographiques sans filtrage efficace. La vente de ces poupées révèle un phénomène grave, qui se généralise.
L’horreur en vente libre
Pour moins de 200 euros, il est possible d’acheter une « poupée sexuelle » présentée comme un jouet pour adulte, mais reproduisant le corps d’une fillette. Taille comprise entre 80 et 130 cm, visage enfantin, accessoires comme une peluche : tout est conçu pour évoquer un enfant.
En France, leur commercialisation est strictement interdite. L’article 227-23 du Code pénal punit la diffusion d’images pédopornographiques de sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende. La simple détention de ces objets est également répréhensible. Mais au-delà de la loi, c’est leur accessibilité publique qui alarme.
Autrefois confinées au darknet, ces poupées sont désormais proposées sur des plateformes fréquentées par plus d’un quart des Français (Médiamétrie/Fevad). Quelques clics suffisent pour accéder à ce qui, hier encore, se cachait dans l’ombre.
Lutter contre toute forme de normalisation de la pédocriminalité
Dès 2020, l’association CAMELEON avait alerté Coopération Humanitaire Luxembourg et La Voix de l’Enfant. Celles-ci, aux côtés d’autres organisations de la protection de l’enfance, avaient ainsi déposé plainte et saisit le parquet luxembourgeois contre Amazon, accusé de vendre des produits similaires.
Ces poupées ne sont pas des exutoires. Elles ne canalisent aucune « pulsion ».
Au contraire, elles normalisent la violence sexuelle et légitiment la domination adulte sur l’enfant.
Elles font croire qu’un corps d’enfant peut être objet de désir, déculpabilisent les prédateurs et nourrissent une culture du passage à l’acte. Comme la consommation d’images pédocriminelles, ces pratiques ne préviennent pas les violences : elles les préparent, les justifient, parfois les déclenchent.
Selon Protect Children, 40 % des personnes cherchant des contenus pédocriminels ont déjà tenté de contacter un enfant. Quelques clics suffisent pour se procurer tout l’équipement d’un pédocriminel.
Une société qui détourne le regard
Le signalement de ces poupées a suscité une vague d’indignation médiatique. Pourtant, cette indignation ne s’étend pas aux 160 000 enfants agressés sexuellement chaque année (CIIVISE, 2023), ni aux 20 000 enfants victimes de réseaux d’exploitation sexuelle à des fins prostitutionnelles (ACPE, 2025). Chaque jour, des enfants subissent en silence la violence de sociétés qui laissent proliférer une culture pédocriminelle.
Brisons le silence
CAMELEON Association s’associe aux étudiant·e·s de l’école Le Quatre (ISCOM) pour dénoncer le silence assourdissant entourant les enfants victimes de violences sexuelles.
Notre responsabilité collective est de dire non, fermement, clairement, sans compromis. Nous appelons à un sursaut immédiat et une action déterminée de l’ensemble des acteurs pour protéger l’enfance contre toutes les formes de violences sexuelles :
- Aux plateformes numériques : prévenir, détecter et supprimer activement tout contenu ou produit à caractère pédocriminel.
- Aux pouvoirs publics : d’interdire toute commercialisation de ces objets, de poursuivre les acheteurs et les plateformes complices, et garantir la protection effective des enfants contre les violences sexuelles.
- À chaque citoyen, de refuser la complaisance, la passivité et le silence face à la banalisation de la pédocriminalité.
Le corps d’un enfant n’est pas une marchandise. Sa protection n’est pas négociable.
Contacts Presse
communication@cameleon-association.org – 01 43 22 35 92
plaidoyer@cameleon-association.org – 07 66 97 56 19
Conception
Directeur de création : Antoine Colin
Planneur : Fred Lohner
Étudiants : Sidoine Bersagol & Fayçal Razek
