Découvrez l’interview de Laure Sanchez, bénévole aux Philippines en Médiation par l’Animal !

 

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Laure Sanchez, je suis spécialiste en Communication animale, en Médiation par l’Animal, en EMDR animalier et conseillère en naturopathie. À travers mon métier, mon objectif est de travailler en équipe avec les animaux et transmettre à l’humain que l’animal est un collaborateur et non un outil.

Comment avez-vous connu CAMELEON ?

En 2022, j’ai vu sur les réseaux sociaux que CAMELEON recherchait des bénévoles en Médiation par l’Animal pour venir effectuer une mission de terrain aux Philippines. J’ai pris contact avec l’association et j’ai participé à la mise en place de ce nouveau programme aux côtés de Laurence Ligier, Fondatrice Directrice, du 9 mars au 10 mai 2023.

Comment avez-vous mis en place la Médiation par l’Animal ?

Le travail a été réalisé en amont avec Laurence Ligier, elle-même diplômée en Médiation par l’Animal. Nous avons longuement échangé et réfléchi à quels animaux médiateurs pourraient rejoindre l’association dans le cadre du programme, comment les introduire auprès des jeunes filles victimes de violences sexuelles et de quelle façon former les encadrants sur place pour pérenniser le projet. J’ai vraiment tenu à ce que l’animal soit pris en compte et respecté dans tout le processus et mes souhaits ont été respectés.

Dans un second temps, nous avons créé l’habitat des rongeurs. Nous avons été en relation avec Pop-Up Architecture, qui nous a offert les plans de la création des maisons des huit cochons d’inde et des deux lapins. Laurence a fait faire réaliser les supports sur mesure aux Philippines afin de garantir leur confort et leur bien-être.

Enfin, les laboratoires Copmed, Herbiolys, Dome Pharma et Ladrôme nous ont fait don de nombreux produits de naturopathie, tels que des huiles essentielles, des bourgeons, des macérats huileux. Avec la connaissance d’utilisation de ces produits naturels, nous pouvons ainsi soulager les « petits bobos » du quotidien ne requérant pas de visite chez le médecin ou le vétérinaire.

Comment s’est passée la première séance avec les bénéficiaires ?

La première séance avec les filles me marquera à jamais. Avant toute chose, il a fallu montrer nous présenter mutuellement ; animaux médiateurs, encadrants et bénéficiaires. J’ai rappelé qu’il est important de respecter le vivant : nous nous respectons entre nous, donc nous respectons aussi l’animal.

Il y avait deux cochons d’Inde, et quatre filles. Les enfants ne connaissaient pas du tout ces animaux. Elles avaient déjà vu des lapins, mais le cochons d’Inde est une espèce très méconnue aux Philippines. Elles en ont eu peur au début. J’ai donc commencé par proposer à l’une des filles de guider sa main, en l’accompagnant avec la mienne, afin qu’elle puisse caresser le cochon d’Inde. l’accompagner sur les caresses du cochon d’Inde. Elle m’a fait confiance et nous l’avons touché ensemble ; ça a été un moment extraordinaire de partage et de douceur. Elle était très fière d’elle, fière d’être aller au-delà de ses peurs… Ce sont des moments inoubliables qui pétillent encore de joie pour moi quand j’y repense.

En quoi consistent les séances ?

Une séance dure environ une demi-heure, et chacune d’entre elle prévoit des objectifs individuels ou de groupe, définis au préalable avec la psychologue. Il y a une grande phase préparatoire en amont

Quant au choix de l’animal médiateur qui va intervenir en séance, à la préparation des activités partagées avec les enfants et au matériel nécessaire pour l’aménagement de la séance (nourriture, abris refuge des animaux médiateurs, fiches pédagogiques etc)

Si l’animal est trop stressé ou pas en condition, nous ne travaillons pas avec lui ce jour-là. Travailler en équipe, avec des êtres vivants, nécessitent de s’adapter au rythme de chacun dans le respect et la bienveillance.

L’objectif étant que les filles passent un bon moment, qu’elles aient une lumière de joie dans la tête, « une parenthèse de vie » agréable sans contrainte pour quiconque. Ainsi, un cadre est posé pour le respect de l’animal, mais aussi pour la libre expression et l’estime de soi de chacune des filles.

Le niveau des enfants est très différent, le développement cognitif de certaines été étant stoppé ou retardé à cause de leurs traumatismes. Suite au bilan, les séances peuvent être adaptées en fonction de leur niveau et de leurs personnalités. Certaines filles ont par exemple du mal à organiser leurs idées, ainsi on leur proposera une séance d’agility avec un chien, afin de réaliser un parcours présentant trois étapes : un début, un milieu, une fin ; et en fixant des objectifs et des consignes clairs. Mais quelque soit le déroulement du parcours d’agility, il n’y a jamais d’échec ou d’erreurs, le but étant le renforcement positif de l’estime de soi dans un juste équilibre.

Quel est le retour d’expérience des filles ayant pratiqué la Médiation par l’Animal ?

Beaucoup d’entre elles sont très fières d’avoir affronté leurs peurs, elles n’étaient pas à l’aise en début de séance, avec parfois un manque de compréhension de la raison de leur présence, mais à la fin, leur sourire en disait long et elles se sont senties apaisées. On travaille main dans la main, en équipe, pour le bien-être de tout le monde.

Comment pérenniser la Médiation par l’Animal à CAMELEON ?

Ingrid, salariée de CAMELEON Philippines, a été formée en Médiation par l’Animal. J’ai pu lui transmettre mes compétences et mes connaissances et nous avons mis en place de nombreux processus pour effectuer un suivi : des fiches, des cahiers de soin, des descriptifs des produits naturels… Au début, Ingrid manquait de confiance en elle, mais on a vite créé une complicité. Je lui ai donné l’opportunité d’animer les séances, de regarder ou d’assister, et ça s’est fait très naturellement. Elle est devenue autonome rapidement. Bien entendu, je me tiendrai toujours à sa disposition, même depuis la France, si elle rencontre des difficultés. Laurence assure à présent un suivi avec Ingrid des activités de Médiation par l’Animal qui ont lieu plusieurs fois par semaine. Ingrid est passée à mi-temps sur cette activité.

Afin de garantir le confort des animaux médiateurs, un aménagement d’un espace avec de l’herbe pour les laisser se défouler et les protéger des prédateurs est en cours de construction.

Un mot de la fin sur votre expérience ?

En partant, je leur ai laissé un mot : « Je respecte les animaux, je me respecte et je te respecte ». Je trouve que cela résume plutôt bien l’objet de ma venue. Toutes les rencontres ont été inoubliables : le personnel, les filles, les animaux, tout a été magique ; même si la vie quotidienne au centre n’a pas toujours été facile par rapport à mes habitudes de vie en France.

Je garde en mémoire des moments magnifiques, et quand on connaît un peu l’ histoire des uns et des autres, je ne peux qu’être admirative, devant leur sourire, leur force de vie, et leur volonté.

C’est une leçon de vie extraordinaire.

Et dans la continuité de ma mission de terrain, j’ai décidé de parrainer un enfant de chez CAMELEON.

Ainsi l’aventure humaine continue…

Merci à Tous !