Dans le cadre de notre mission sociale France, nous intervenons en milieu scolaire auprès d’élèves du CP à la terminale. Chaque année nous sensibilisons des enfants et des jeunes sur leurs droits, l’égalité filles-garçons et la prévention des violences, notamment sur Internet et les réseaux sociaux. Nous avons pu remarquer une évolution des comportements et des réflexions des enfants avant et après l’apparition de la crise sanitaire liée au COVID-19.

Nos observations lors des interventions auprès des jeunes

Lors de nos ateliers pédagogiques, la majorité des enfants ont exprimé être contents de retourner à l’école et de retrouver leurs camarades. Pour certains, les confinements ont été l’occasion de profiter de plus d’échanges, jeux et loisirs avec leurs parents ou leurs frères et sœurs. Mais pour d’autres, ces périodes ont été angoissantes en raison de tensions et/ou violences exercées au sein des familles (exacerbées par la promiscuité, l’enfermement, la précarité, des addictions…). Enfin, des enfants ont été livrés à eux-mêmes avec des parents absents ou négligents, ou bien gardés par des adultes tiers pas toujours responsables et bienveillants (oncles, tantes, grand-parents, voisin.e.s…).

A CAMELEON, nous avons constaté depuis la crise sanitaire une surexposition des enfants aux risques liés à Internet et aux réseaux sociaux ainsi qu’une aggravation des inégalités en matière d’éducation, de soins et de protection. Alors que plusieurs familles ont été vigilantes et ont mis en place un dialogue autour des écrans, le manque d’encadrement et de limites (notamment de durée) donnés à certains enfants sur leurs pratiques numériques nous ont inquiété pour leur intégrité et leur développement.

Dès le CE1/CE2, des enfants ont pu être exposés à des contenus choquants, victimes de cyberharcèlement ou de sollicitations sexuelles de la part d’adultes, ou risquer de faire des mauvaises rencontres. Parmi les conséquences possibles :  images obsédantes, troubles de l’humeur, du sommeil, de la concentration, mauvaise estime de soi, signes précurseurs de dépendance…

Nos recommandations : prévention auprès des enfants et formation des encadrants

Confrontés à des situations difficiles ou violentes, de manière directe ou indirecte, en tant que témoins ou via des écrans, les enfants peuvent accumuler stress, angoisse, tristesse et colère. Ils ont besoin de pouvoir s’exprimer, d’être écoutés et rassurés, voire accompagnés psychologiquement. Nous recommandons des actions de prévention en milieu scolaire et périscolaire pour détecter d’éventuels troubles de santé ou des violences. La formation des professionnel.le.s nous paraît indispensable sur l’accueil de la parole et des émotions de l’enfant, mais aussi sur les procédures à suivre en cas d’enfant en danger.

Alors que la pandémie augmente les vulnérabilités et les inégalités, protéger la santé et les droits des enfants doit être un enjeu politique prioritaire. Il est urgent d’agir dès maintenant pour éviter un « effet boomerang » qui risquerait de se produire avec les générations adultes de demain si nous ignorons leurs signaux d’alerte et leurs souffrances d’enfants. Pour leur permettre de conserver un équilibre psychique, physique et émotionnel malgré les épreuves et les difficultés. C’est construire la résilience de notre société face aux défis de la crise sanitaire et défendre l’avenir de nos enfants.