Alors que 13 ans est l’âge minimum légal pour s’inscrire sur les réseaux sociaux, un tiers des enfants en primaire et la moitié des enfants de 11 ans y sont présents (Sources : « Les pratiques numériques des jeunes de 11 à 18 ans », 2021  et « Born social », 2021 de Génération numérique ; « Etude sur le cyberharcèlement des jeunes », 2021, e-Enfance / Caisse d’Epargne).

Youtube, Snapchat, Instagram et Tik Tok sont les plus populaires pour regarder des vidéos, se divertir et rester en lien avec des personnes de leur famille ou leurs amis. Mais ces pratiques ne sont pas sans risques. Comment sensibiliser les ados en tant que parents ?

Instaurer un dialogue positif autour des écrans pour prévenir les dangers

Vous pouvez échanger sur les pratiques en ligne de votre enfant, sur ce qu’il regarde et ce qu’il pense ou ce qu’il ressent par rapport à ce qu’il voit. Montrez votre intérêt et encouragez-le à partager ses expériences sur Internet de la même manière que vous pouvez discuter de ses journées à l’école, de ses amis et de ses activités non virtuelles. Que fait-il en ligne et à quel moment, à quoi joue-t-il, quels sites consulte-t-il et avec qui parle-t-il ?

Sensibilisez-le sur certains risques pour qu’il sache que vous êtes à son écoute et qu’il est important qu’il puisse se confier à vous ou une personne de confiance en cas de problème. En France, presque 1 enfant sur 5 a été confronté à des cyberviolences : exposition à des contenus choquants, moqueries, menaces, harcèlement, propositions à caractère sexuel de la part d’adultes… Découvrez nos conseils pour aborder ces sujets avec un discours adapté, dans notre clip pédagogique.

Si vous avez interdit à votre (pré)adolescent d’aller sur les réseaux sociaux alors qu’il en a exprimé un vif désir, cela pourrait l’entraîner à créer des comptes à votre insu et le faire hésiter à se confier en cas de difficulté. Invitez-le à s’exprimer sur ses motivations et selon son âge et son degré de maturité, vous pouvez essayer de négocier ou trouver des compromis moins risqués (accepter quand il aura tel âge ou le laisser aller sur des réseaux sociaux uniquement en votre présence, avoir accès à ses identifiants et mots de passe…). Vous pourrez l’accompagner pas à pas dans la découverte des réseaux sociaux, notamment dans l’étape de création du compte et des paramètres de visibilité et de sécurité.

Exposition à des contenus choquants, violents, inadaptés

30% des enfants déclarent avoir été choqués par des contenus rencontrés involontairement sur internet ou les réseaux sociaux (e-Enfance, 2021).

A 12 ans, près d’un enfant sur trois a déjà été exposé à des contenus pornographiques. Plus de la moitié des adolescents voient ces images via des pop-ups lors de leurs activités en ligne (fenêtre Internet qui s’affiche sans avoir été sollicitée par l’internaute) et considèrent qu’ils étaient « trop jeunes » la première fois qu’ils y ont été confrontés. (Sources : « Moi jeune » Sondage OpinionWay / 20 minutes, 2018 ; « Les adolescents et le porno : vers une Génération Youporn ? », Ifop / OPEN, 2017)

Outre les contenus à caractère sexuel, votre enfant peut aussi tomber sur des défis dangereux, des images violentes ou de films d’horreur… Pour limiter les risques, vous pouvez paramétrer les appareils auxquels a accès votre enfant. Consulter ce guide pratique ou les explications d’e-Enfance pour activer le filtre parental sur un moteur de recherche ou sur Youtube.

Cyberharcèlement

Le cyberharcèlement désigne des actes malveillants répétés contre une personne via Internet et les applications / messageries / réseaux sociaux (insultes, moqueries, rumeur, partage non consenti de photos ou vidéos). Les risques de harcèlement entre élèves augmentent en CM1-CM2 et à l’entrée au collège. Si cela arrive à votre enfant, vous pouvez le rassurer en lui disant que ce n’est pas sa faute et qu’il n’y a pas à avoir honte ou peur, que vous êtes là pour l’aider et le protéger. Voici une petite vidéo de la série « 1jour 1 actu » pour expliquer ce qu’est le cyberharcèlement à votre enfant.

 

Pratique : pour le préserver, vous pouvez installer l’application gratuite Bodyguard qui agit contre le cyberharcèlement, les discours de haine et contenus toxiques sur les réseaux sociaux avec un système de filtrage automatique. https://www.bodyguard.ai/fr/particuliers

Attention aux faux amis

A travers leurs écrans, la majorité des enfants sont en contact avec des inconnus, bien plus que leurs parents l’imaginent voire parfois à leur insu. Ils peuvent être exposés à des personnes malintentionnées (autres jeunes ou adultes), sur les réseaux sociaux mais aussi via les jeux en ligne comme Fortnite, Roblox, Minecraft ou Clash Royale*.

De nombreux pédocriminels sont présents sur ces espaces de jeux et discussions car il y a la possibilité de chats publics ou d’interactions entre les joueurs. Ils peuvent se faire passer pour des enfants pour entrer en contact avec des mineurs et les mettre progressivement en confiance (technique de « grooming »). Leur objectif est d’obtenir des informations personnelles ou des photos de l’enfant, de sexualiser les échanges voire d’organiser une rencontre physique.

Dès le CE2, vous pouvez aborder le sujet des mauvaises rencontres en ligne. Informez votre enfant de l’existence d’adultes se faisant passer pour des enfants pour leur faire du mal. Sensibilisez-le au piège de ces « faux amis » qui se montrent très gentils et curieux à son égard. On ne peut jamais savoir qui se cache derrière un écran, attention à ne pas accepter d’inconnus dans leur liste d’amis « virtuels ». Vous pouvez demander à votre enfant s’il y a des personnes qu’il ne connaît pas dans la vraie vie mais qu’il apprécie particulièrement sur Internet…

 Protection de la vie privée

Pour protéger leur identité et leur vie privée, les enfants doivent savoir qu’il ne faut pas partager des photos ni des informations personnelles sur Internet : nom, adresse, établissement scolaire, lieux d’activité, mail ou numéro de téléphone… Il est important qu’ils comprennent que ce qu’ils publient en ligne est public et peut être récupéré par n’importe qui (par simple capture d’écran), y compris des personnes malveillantes. Ce sont des traces numériques dont ils perdent le contrôle et qui peuvent être utilisées contre eux (chantage, photomontage, usurpation d’identité, moqueries…).

S’ils ont créé des comptes sur des réseaux sociaux, aidez-les à paramétrer l’accessibilité et la confidentialité de leur profil. Vous pouvez discuter de la recherche de likes, d’abonnés / followers et course à la popularité de certains influenceurs, et des dangers que cela comporte pour des enfants de s’exposer à n’importe qui. Enfin, même si leur compte est privé et qu’ils n’envoient des photos ou vidéos qu’à leur entourage (camarades de classe, cousins, cousines…), expliquez-leur qu’il n’y a pas de garantie que ce contenu ne sera pas copié ou partagé (parfois même involontairement) à des inconnus.

*1 enfant sur 2 fréquente les sites de jeux en réseaux (4 sur 10 dès l’école primaire). (Source : e-Enfance/Caisse d’Epargne, 2021)

Source : Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil)

A consulter : les 10 conseils de la Cnil et le portail d’informations de Tik Tok pour mieux protéger les enfants.

3 questions à poser à votre enfant pour le protéger des violences

    • Est-ce que tu as déjà été mal à l’aise, effrayé.e, dégoûté.e, triste ou choqué.e à cause de quelque chose que tu as vu en ligne ou quelqu’un qui t’a parlé sur Internet ?
    • Est-ce que toi ou tes amis avez déjà reçu des messages, appels ou photos d’inconnus ?
    • Est-ce que quelqu’un t’a déjà demandé des informations personnelles comme ton adresse, de lui envoyer une photo ou de le rencontrer ?

3 questions à poser à votre enfant pour protéger sa vie privée

    • Est-ce que tu serais d’accord pour afficher à l’entrée de ton école / collège ou dans la rue les photos, vidéos ou commentaires que tu publies ?
    • Est-ce que tu serais d’accord pour que des inconnus viennent t’observer chez toi en train de faire ces activités que tu veux poster sur Internet ?
    • Est-ce que ça pourrait te faire du tort, maintenant ou dans 10 ans ?

Besoin d’aide ?

Votre enfant se fait harceler sur Internet ? Une vidéo a été filmée et publiée sur les réseaux sociaux sans son consentement ? Vous pensez qu’il a été abordé sur un jeu en ligne par un pédocriminel ? En cas de violences numériques, vous pouvez contacter gratuitement par téléphone le 3018, qui apporte conseil et assistance psychologique, juridique et technique aux parents et leurs enfants. Le 3018, géré par e-Enfance, est accessible par Tchat sur 3018.fr, Messenger et WhatsApp et existe aussi en application téléchargeable pour une mise en relation et prise en charge par un écoutant spécialisé. Il dispose de procédures de signalement accélérées pour faire supprimer des comptes ou des contenus en quelques heures sur les réseaux sociaux.

Conserver les preuves des différents échanges (captures d’écran…) et informations sur ces inconnus (pseudonymes…). Vous pouvez faire un signalement en ligne et bloquer ces derniers, désactiver / supprimer l’application ou le compte de votre enfant par lequel il a été contacté. Bloquer c’est protéger votre enfant, signaler c’est contribuer à protéger éventuellement d’autres victimes. Selon la gravité de la situation, vous pouvez porter plainte si vous pensez que cela est nécessaire.