Depuis quelques années, le tourisme sexuel n’est plus un sujet tabou. Désormais, vu comme un véritable phénomène mondial : les autorités, les ONG et les professionnels du tourismes travaillent ensemble pour éradiquer ce fléau.
Les 3 catégories de tourisme sexuel.
LA PROSTITUTION

C’est le plus répandu des tourismes du sexe. Dans des lieux de fortes fréquentations touristiques, des femmes, des hommes et des enfants sont à l’affût d’un potentiel client. Dans des pays où un travail classique ne suffit pas à subvenir aux besoins de la famille, une partie de la population vend son corps le soir dans les rues passantes. Les prostitué(e)s ne se cachent plus des autorités (souvent corrompues) et se montrent aisément aux clients.

LES VOYAGES SEXUELS

Des agences proposent des voyages sexuels organisés. Selon l’association « Egalité Maintenant » des agences de voyages américaines proposent de découvrir les pratiques sexuelles d’un autre pays. En 2004, une procédure contre une agence de voyage installée à New York, soupçonnée d’avoir organisé des voyages à l’étranger où des jeunes filles étaient disponibles pour des relations sexuelles, a été fermée.

LE SYSTEME DE COPINAGE

Les « copines » sont des jeunes femmes qui deviennent les amies et les accompagnatrices privilégiées de certains touristes. Elles profitent de compensations financières le temps de leur voyage en contre-parties de faveurs sexuelles.

Qui sont les clients ?

Il n’y a pas de profil type. Toutefois, il est possible de distinguer 2 types de clients : le touriste sexuel «occasionnel» et le touriste sexuel «assidu».

LE TOURISTE OCCASIONNEL

À la recherche de nouvelles expériences, le touriste sexuel occasionnel profite d’une opportunité d’avoir des relations sexuelles, tout en jouissant de l’anonymat que procure son statut de touriste, avec une femme ou un homme ou un enfant sans faire de distinction entre ce qui est puni par la loi dans son pays d’origine et ce qui est banalisé dans la destination touristique.

LE TOURISTE ASSIDU
Ce type de clients est composé notamment de pédophiles dits « régressifs ». À la recherche de nouvelles victimes leur permettant d’assouvir leurs pulsions de domination sexuelle. Les enfants deviennent alors une cible de choix. Au-delà du jeune âge des victimes, les agresseurs pensent pourvoir profiter de la « quasi-protection » contre le sida et les maladies sexuellement transmissibles, considérant que les enfants ne sont pas touchés par les MST. Pourtant, les jeunes sont plus fragiles et donc plus sujets d’être contaminés par les maladies (de par leurs blessures génitales) et donc à les transmettre à leurs agresseurs.

Mais tous les touristes sexuels ne sont pas forcément étrangers. En majorité, les auteurs sont des voyageurs locaux, nationaux ou régionaux. Aussi, 90% des délinquants pédosexuels aux Philippines et 75% au Cambodge sont des locaux.

Sources : Routard.com , ECPAT

Un fléau mondial
EUROPE
La Russie, la République Tchèque et l’Ukraine sont les premiers pays à affronter la traite des enfants, la pédopornographie et autres formes d’exploitation sexuelle des enfants.

L’Europe de l’Est est connue pour le trafic sexuel vers les Etats-Unis et autres pays européens. Selon les pouvoirs publics et plusieurs associations, il y aurait entre 6 000 et 10 000 enfants prostitués en France. Un chiffre qui s’ajoute aux 20 000 adultes qui seraient exploités dans des réseaux de prostitution dans l’Hexagone.

Il s’agit à 90% de femmes. La plupart des prostitué(e)s, les adultes comme les enfants, viennent d’Europe de l’Est et d’Afrique.

ASIE

L’Asie du Sud-Est est depuis longtemps touchée par le tourisme sexuel.

La Thaïlande et les Philippines sont les destinations phares pour les touristes sexuels. Ces pays sont surtout connus pour impliquer les enfants dans ce « commerce du sexe ».

Des dispositifs de lutte contre le tourisme sexuel ont été déployés en Thaïlande, ainsi le Vietnam, le Cambodge et la Mongolie ont vu leur nombre de touristes sexuels augmenter.

AMERIQUE

Les pays d’Amérique du Nord, centrale et du Sud ont tous été touchés par le tourisme sexuel impliquant des enfants.

Des ressortissants canadiens et américains voyagent dans des pays de l’Amérique centrale et Latine en profitant de leur statut et de leur pouvoir d’achat pour exploiter des enfants en tout impunité.

Le Mexique reste une destination privilégiée pour les touristes sexuels où plus de 20 000 mineurs sont victimes de l’exploitation sexuelle. Au Brésil, sur 100 000 enfants vivant et travaillant dans les rues, la majorité est victime de l’exploitation sexuelle. Dans la capitale colombienne on compte entre 5 000 et 7 000 prostitués de moins de 18 ans.

AFRIQUE
Beaucoup de pays ont favorisé le tourisme pour attirer de nouveaux investisseurs pour le développement d’infrastructures.

Ce tourisme s’est accompagné d’une hausse du tourisme sexuel déjà présent en Afrique du Nord. Les enfants des rues au Caire, Casablanca, Marrakech et Tunis, sont des proies faciles pour le trafic sexuel. Dans les pays du Maghreb, la prostitution passe souvent par le travail domestique et par le biais du mariage dès l’enfance qui permet une légitimation des abus.

A Madagascar, le tourisme sexuel se développe aussi très rapidement.

Source : ici.radio-canada.ca

Dans le monde, l’exploitation sexuelle est la forme de traite des personnes la plus répandue et la plus lucrative. Comme le montre ce graphique, en 7 ans de 2007 à 2014, l’exploitation sexuelle reste supérieure à 50%.

Comment lutter ?

Établir une législation adaptée et concentrée sur le droit des enfants, les principales victimes est indispensable. En effet, les prostitués majeurs ne peuvent faire l’objet d’une législation puisqu’ils sont considérés comme consentants en toute connaissance de cause. La lutte contre le tourisme sexuel doit donc se faire via la mise en place de lois punitives et de sanctions au niveau international.

  • La Convention Internationale des Nations Unies pour les droits de l’Enfant établie en 1989 interdit la prostitution enfantine, protège les mineurs de moins de 18 ans et chercher à poursuivre ceux qui les exploitent. Elle a été ratifiée par 191 Etats, chacun est censé appliquer cette loi sur son territoire respectif. En février 1994, une trentaine de pays, parmi lesquels la France, les Etats-Unis, l’Allemagne et la Belgique ont adopté des lois pénales d’extra-territorialité.
  • Interpol (Organisation International de police criminelle) recommande aux pays membres de renforcer leurs actions policières. Elle souhaite favoriser la coopération et les échanges d’informations entre les différentes polices. Interpol propose également des formations spécifiques des agents de police et la nomination de fonctionnaires spécialisés sur le terrain. Voir l’interview du chef du service « Traite des êtres humains » à Interpol à Lyon.
La prostitution enfantine est « le fait d’utiliser un enfant aux fins d’activités sexuelles contre rémunération ou toute forme d’avantages ». Selon UNICEF c’est une forme contemporaine d’esclavage.
  • Le BIDE (Bureau International des Droits des Enfants) s’active à sensibiliser les juges, avocats, agents de police aux droits de l’Enfant. Il recommande des procédures adaptées aux enfants et forme les acteurs du système pénal pour garantir une réponse judiciaire en adéquation avec les besoins de l’enfant.
  • Mobiliser l’industrie du voyage. En France, différentes communications de prévention sont mises en place, le Syndicat national des agences de voyages souhaite sensibiliser les clients avec des dépliants glissés dans les pochettes de voyages. Air France diffuse un film « Avoir des relations sexuelles avec un mineur conduit en prison ». Dans la même optique de prévention, la Commission Européenne a attribué une subvention d’1 million d’euros à l’Organisation Mondiale du Tourisme pour soutenir les projets de certaines ONG comme Unicef, ECPAT, Terre des Hommes, FIJ. En 2007, est lancée la Journée Mondiale pour un Tourisme Responsable, la « coalition internationale pour un tourisme responsable et respectueux » regroupe désormais 277 associations dans 85 pays.

Le Department of Tourism (DOT) des Philippines a établi de nouvelles dispositions dans la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants et faire face à l’expansion du tourisme sexuel dans le pays. Découvrez les mesures prises récemment par le DOT et par de nombreuses ONG et agences gouvernementales. En savoir plus.

Sources : redtac.org , ECPAT, Department of Tourism


Les enfants issus du tourisme sexuel

L’une des principales conséquences du tourisme sexuel sont les enfants issus de ces relations tarifées. Leurs mères se prostituent dans les rues des grandes villes telles que Manille, Angeles ou Cebu aux Philippines. Leurs pères sont des clients allemands, américains, russes ou anglais. Ayant hérités de certains caractéristiques physiques de leur père. Ils sont souvent considérés comme des « bâtards », mal-menés ils sont souvent rejetés de par leurs faciès qui diffèrent du reste de la population philippine.

>> Découvrez une série de photos de 2 photographes suisses qui mettent en lumière ces enfants issus de ce tourisme.

Sources : courrierinternational.com , theguardian.com , swissinfo.ch

Par ses actions, CAMELEON combat activement toutes les formes de violences sexuelles et s’engage à protéger et à aider les victimes. CAMELEON lutte efficacement contre ces agressions et crimes à travers différentes actions de prévention menées par nos jeunes ambassadeurs des droits de l’Enfant (VCC).

Vous vous sentez concernés par ce fléau ? Vous souhaitez agir ? Parrainez un enfant avec CAMELEON pour aider des enfants victimes de violences sexuelles à soigner leurs traumatismes et espérer une vie meilleure.