La situation de confinement liée à la gestion de la pandémie COVID-19 a chamboulé l’organisation quotidienne de nombreuses familles. Avec la fermeture des écoles et l’interruption des modes de garde, les parents doivent gérer les enfants à temps plein à la maison. Cela peut être l’occasion de renforcer les liens parents/enfants mais c’est aussi un vrai défi pour concilier au mieux vie privée et vie professionnelle ! Entre les tâches domestiques, le télétravail, les activités et les devoirs scolaires des enfants, attention au surmenage qui peut parfois conduire au burn-out parental et dans certains cas à la maltraitance

Conscient de cela, le gouvernement a annoncé le 9 avril 2020 la mobilisation d’un fonds exceptionnel de 500 000 euros pour soutenir les projets associatifs de soutien à la parentalité. Dans ce dossier spécial confinement, retrouvez des ressources et astuces pour vivre plus sereinement cette période, mais aussi nos conseils de prévention car les enfants et les jeunes risquent d’être encore plus exposés aux violences.

Qu’est-ce que le burn-out parental ?

Similaire au surmenage professionnel, le « burn-out parental » est un syndrome de détresse intense lié à la parentalité. Il se manifeste par un épuisement physique, psychique et émotionnel quand une personne est en état de stress chronique et a le sentiment de ne plus avoir les ressources suffisantes ou la capacité d’accomplir son « travail » de parent. Cela peut entraîner un désengagement affectif et un impact négatif sur sa santé et ses relations. Les femmes sont potentiellement plus à risques en raison de la charge mentale qu’elles assument davantage, traditionnellement au sein des ménages.

Manque de temps ou d’efficacité, objectifs inatteignables, sentiment de ne pas être à la hauteur… voici nos conseils pour relâcher la pression et vous préserver ainsi que votre entourage !

7 conseils spécial confinement

Veiller au dialogue et exprimer ses émotions

Saviez-vous que les émotions se communiquaient facilement et souvent de manière inconsciente ? C’est ce qu’on appelle la « contagion émotionnelle ». Ce que nous exprimons et comment nous nous sentons, nos proches le perçoivent, a fortiori les enfants qui peuvent être de véritables « éponges émotionnelles ». Le confinement peut augmenter notre anxiété face à l’avenir et au présent, notre sensibilité au stress mais aussi mettre notre patience à rude épreuve. Parfois nous pouvons être débordés par nos émotions et avoir des mots ou des gestes qui nous échappent, pouvant heurter nos enfants et que l’on regrette ultérieurement. Comment réagir pour des relations plus apaisées ?

Il est important de ne pas culpabiliser car il est normal d’éprouver de la colère, de l’agacement, de la frustration et d’autres sentiments plus ou moins désagréables. Il est utile de pouvoir les identifier et reconnaître dans quelles situations et comment cela se manifeste pour en parler, « travailler » nos émotions et les extérioriser différemment. Voici quelques idées dans cette fiche pratique de l’Observatoire de la Parentalité et du Soutien à la Parentalité.

Diminuer les objectifs et la pression

Avec des enfants à gérer non-stop au quotidien, en plus d’éventuelles obligations professionnelles, la pression et le stress peuvent facilement nous envahir. Pensez que vous n’êtes pas seul.e à devoir assumer une double voire triple charge de travail dans ce contexte de crise. Vos collaborateurs (collègues, clients et supérieurs hiérarchiques) doivent aussi jongler avec leur emploi du temps pour s’adapter à la situation. N’hésitez pas à revoir certains de vos objectifs à la baisse, et efforcez-vous de lâcher prise sur ce qui n’est pas indispensable.

Si vous avez pris du retard dans votre travail ou vos enfants dans leurs devoirs, si le salon est en désordre ou que vos repas ne sont pas toujours à horaires réguliers ou des plus équilibrés… relativisez ! La sécurité intérieure et le bien-être mental de votre enfant comptent plus que son assiduité scolaire. Et lorsque lui et ses camarades reprendront les cours, les enseignants sauront s’adapter pour les remettre progressivement à niveau. Ce qui compte c’est d’être bien, de pouvoir partager des moments agréables en famille et de vous soutenir mutuellement.

Et plutôt que des listes d’actions interminables à avoir en tête, pourquoi ne pas vous fixer un ou deux grands objectifs par semaine en clarifiant vos priorités ? En accomplissant ce que vous aviez prévu, cela peut renforcer votre sentiment d’efficacité personnelle, important pour le moral et l’estime de soi. Et si vous vous organisiez comme un ex-président des États-Unis avec le modèle d’Eisenhower ?

Avoir du temps pour soi et se préserver

Nous ne sommes pas tous égaux face au confinement, notamment pour les conditions de logement : appartement ou maison, avec ou sans jardin, une chambre pour chaque enfant ou pièces uniques à vivre et à partager… Pourtant il est crucial que chacun.e puisse avoir régulièrement des moments et un espace à lui/elle, et soit respecté.e dans son droit à l’intimité. Quelles sont les activités que vous aimez faire et qu’est-ce qui vous ressource et vous met de bonne humeur ?

Écouter de la musique, plonger dans un roman ou votre série préférée, faire du sport ou discuter pendant des heures avec vos amis ? Qu’est-ce que vous avez toujours eu envie d’essayer et que vous pourriez commencer dès aujourd’hui ? Il est primordial de vous octroyer du temps pour vos loisirs mais aussi pour vous reposer et prendre soin de vous. C’est ainsi que vous serez dans un meilleur état d’esprit et pourrez rassurer vos enfants.

Maintenir un rythme et un cadre de vie réguliers

Le confinement étant une période d’incertitude et de bouleversements, les enfants ont d’autant plus besoin de règles et de repères. Quelle que soit votre situation, famille « traditionnelle », recomposée ou parent solo avec enfant(s), veillez à établir une certaine routine pour trouver un équilibre entre les moments collectifs et les moments individuels. Vous pouvez planifier les temps pour travailler, vous reposer, vous relaxer, jouer, faire des activités en famille, avoir une activité sportive…

Quand les enfants sont tout petits, ils ont besoin d’un quotidien très ritualisé. Quand ils sont plus grands, savoir comment se déroulera leur journée et quel sera l’emploi du temps de leur semaine reste un facteur sécurisant pour eux. Pour ne pas être dans le flou et les négociations répétées, se laisser tenter par des horaires de lever et coucher déraisonnables ou passer sa journée devant la télévision ou les jeux vidéo… Le rythme de sommeil habituel doit être maintenu dans la mesure du possible, notamment pour les adolescents. Pour en savoir plus, lire les recommandations de l’Académie de médecine en période de confinement

Impliquer votre enfant dans l’organisation et prendre en compte son avis

Votre enfant est tout comme vous limité dans ses déplacements et ses interactions sociales. Selon son âge, il a compris qu’il devait rester enfermé pour être protégé mais la situation n’en demeure pas moins angoissante et frustrante ! Comment l’aider à traverser cette période difficile ? Le sentiment de pouvoir faire des choix est important, surtout quand les possibilités d’action sont réduites. Comment peut-il participer à l’élaboration du planning de la semaine et des bonnes pratiques du confinement ? Certaines familles ont rédigé « une charte » prenant en compte les besoins et les envies des petits et des grands. En cas de difficulté à faire respecter certaines règles, elle peut servir à apaiser les tensions et rappeler à chacun.e ses droits et responsabilités.

Vous pouvez demander à votre enfant s’il a des idées ou des propositions pour que les prochaines semaines soient plus agréables mais aussi comment il pourrait contribuer à prendre soin de la vie de famille et de la maison. Rendre votre enfant acteur et le faire participer aux tâches domestiques (rangement, ménage, cuisine…) peut être valorisant et le faire progresser en autonomie.

Vous aimeriez que votre ado passe l’aspirateur une fois par semaine ? De son côté il voudrait que vous soyez plus disponible pour des jeux de société ou se coucher plus tard tel jour pour participer à un tournoi à distance avec ses amis ? Plutôt que d’imposer un cadre idéal selon votre point de vue, à vous l’art de la persuasion et des compromis ! Le droit à la participation est défini par l’article 12 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant comme « le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant ». Ses opinions doivent être « prises en considération selon son âge et son degré de maturité ».

Privilégier une ouverture sur l’extérieur positive

Préservez-vous et protégez vos enfants des informations diffusées en continu dans les médias et sur les réseaux sociaux. Plutôt que de suivre l’évolution de l’épidémie et les éventuels progrès en temps réel, vous pouvez vous renseigner à une certaine heure de la journée par exemple. Les décomptes et les images des journaux télévisés peuvent être très angoissant pour les enfants. Évitez que les plus jeunes y soient confrontés et rassurez-les avec des explications adaptées à leur âge. Vous pouvez leur demander ce qu’ils pensent de la situation et ce qu’ils ressentent, ou bien le leur faire dessiner. 

Si possible, permettez-leur de communiquer avec leurs amis et d’autres proches par des contacts réguliers pour prendre des nouvelles et atténuer l’isolement. Les plus grands peuvent apprécier de retrouver leurs camarades lors de jeux en ligne, une forme de socialisation qui remplace celle de l’école. Le cas échéant, il faut bien les sensibiliser aux risques liés aux nouvelles technologies pour qu’ils soient plus prudents et sachent comment réagir en cas de problème.

Essayez de maintenir une ouverture sur l’extérieur en valorisant les informations positives car il existe depuis le début de la crise de formidables élans de solidarité. Vous pouvez montrer des exemples d’entraide à vos enfants pour promouvoir leur bienveillance et leur empathie.

Voici une belle idée pour redonner le sourire aux personnes âgées : 1 Lettre 1 sourire.

Les enfants peuvent écrire des lettres aux résidents confinés dans les EHPAD pour adoucir leur solitude. Les filles de CAMELEON ont d’ores et déjà envoyé des messages de réconfort depuis les Philippines… alors pourquoi pas vous ?

En cas de difficulté, oser demander de l’aide

Avec le confinement, la fatigue s’accumule et vous vous sentez de plus en plus irritable ou épuisé.e ? N’hésitez pas à vous faire relayer par votre conjoint.e ou un proche si cela est possible. Si vous sentez que vous êtes sur le point de craquer, notamment avec un tout-petit qui sollicite de l’attention et des soins en permanence, mettez-le dans un endroit sécurisé et isolez-vous un instant pour vous calmer quitte à le laisser pleurer. Il existe plusieurs dispositifs d’écoute et de soutien, confidentiels et gratuits, qui peuvent vous aider en cas de difficulté.

Enfin, faites le plein de ressources utiles aux parents et d’idées pour occuper vos enfants dans l’article suivant !